Avec la Société des Explorateurs Français, par Sylvain Tesson
Ils sont jeunes, beaux, intelligents et leur film « On a marché sous le pôle » a raflé des dizaines de prix dans les festivals d’aventure cette année. En 2010, Emmanuelle Périé et Ghislain Bardout, ingénieurs et plongeurs professionnels, ont mené une escouade de chercheurs-aventuriers sur la banquise arctique. Pendant 45 jours,ils ont cheminé dans des conditions dantesques vers les parages du pôle nord géographique, s’arrêtant parfois par – 45°C pour découper un trou dans la glace. Car leur objectif était de plonger sous l’envers du miroir. Qu’on s’imagine le délice de se glisser en plein blizzard, par un trou de serrure, dans une eau à moins de deux degrés. En 51 « incursions », (c’est leur terme), ils ont exploré un monde sous-marin inconnu et rapporté des images bouleversantes d’onirisme et d’esthétisme glacé. Sous l’eau, évoluant dans le chaos nubileux du revers des banquises, ils se sont aperçus que ce milieu regorgeait de vie. Les images des micro-organismes en suspenssont des odes à la vie et au génie dansant de l’évolution. Et une forme de salut lancé à ce couvercle blanc qui va disparaître dans l’indifférence des Hommes en général et de Pascal Bruckner en particulier.
Périé et Bardout viennent de publier le récit en image de leur aventure. « Deep sea under the pole »(1), en dépit de son affreux titre probablement tiré de l’anglais, est un livre somptueux.
(1)Éditions du Chêne, préface de Jean-Louis Etienne.